Visionner l’intégralité du concert – Juin 2020, Opéra de Dijon

Comment ne pas faire le parallèle entre la pandémie de 2020 et les grandes épidémies passées ? La musique à Venise a été marquée et souvent influencée par des événements tragiques. Giovanni Gabrieli est par exemple envoyé par son oncle Andrea loin de la peste qui ravage Venise. Grâce aux relations de son oncle, il est engagé à la cour de Munich, et bénéficiera ainsi de l’enseignement de Roland de Lassus. En 1631, Claudio Monteverdi composera une messe à 4 voix et un Gloria à 7, pour une cérémonie religieuse d’action de grâce pour la fin de l’épidémie de la peste qui a tué plus de 46 000 personnes en 1630 et 1631. Soit un tiers de la population de Venise, parmi lesquels son fils Massimiliano et son ami le librettiste Alessandro Striggio. Monteverdi se fera d’ailleurs ordonner prêtre à la suite de cet épisode tragique. Ces grandes pestes ont également une influence surprenante sur l’évolution du style même de la musique : la peste de 1630 aura raison d’un instrument jusqu’alors pratiqué et adulé, le cornet à bouquin. En concurrence avec le violon depuis 1620, le cornet voit un tiers de ses virtuoses décimés, cet instrument tombera alors en désuétude… A Venise toujours, deux églises sont construites en remerciement pour la fin de ces épidémies : la basilique du Redentore en 1575 et l’église de la Salute en 1631. Cet office de vêpres réunit duex compositeurs de génie : Francesco Cavalli et Claudio Monteverdi. Nous ajoutons le Gloria à 7 de Monteverdi, tel une grande doxologie. Une musique lumineuse, joyeuse, porteuse d’espoir !