La réputation des opéras de Francesco Cavalli est telle que l’on oublie assez aisément qu’il fut musicien d’église tout au long de sa vie, et au service de la plus fameuse d’entre elles, la basilique Saint-Marc de Venise. Selon les récits de son contemporain Ludovico Canobio, Francesco Caletti (de son vrai nom) reçoit ses premières instructions musicales de son père, maître de chapelle de la cathédrale de Crema. C’est un garçon doté d’une voix de soprano exceptionnelle : la douceur de sa voix et ses dons musicaux le font remarquer par Federico Cavalli, un gouverneur vénitien alors en poste à Crema. Ce dernier réussit non sans mal à persuader son père de le laisser partir avec lui à Venise. Il y intègre la Capella di San Marco en tant que soprano pour un salaire annuel de 80 ducats le 18 décembre 1616, sous la protection de Cavalli dont il prendra le nom plus tard ; il est officiellement présenté au doge de Venise un mois plus tard. Il a probablement mué assez rapidement, mais n’est mentionné en tant que chanteur ténor qu’à partir de 1627. L’activité musicale de San Marco est alors dirigée par le grand Claudio Monteverdi. Cavalli fréquente la fine fleur des chanteurs, musiciens et compositeurs de la Capella. Il bénéficie de ce riche entourage, et notamment de l’influence de Monteverdi, qu’il ait ou non étudié formellement avec lui. Chanteur, il est également organiste : son nom apparaît dans les registres d’emploi des paroisses San Giovanni et Paolo, San Rocco, Santa Catarina… Il finit par remporter le concours pour le poste de second organiste à la basilique Saint-Marc en janvier 1639. Son jeu d’orgue est loué par les auditeurs : en 1647, Paul Hainlein le compare à Girolamo Frescobaldi, se lamentant que les occasions de l’écouter se fissent tellement rares. Ziotti dit de Cavalli, « qu’en Italie il n’y a pas meilleur chanteur, organiste et compositeur que lui. » En comparaison à sa prolixe production d’opéras et à la lumière de son implication à la basilique Saint-Marc, la quantité modeste de musique sacrée écrite par Francesco Cavalli est certainement le reflet d’un travail d’écriture qui a dû être continu pendant toute sa carrière. Deux recueils nous sont parvenus, les Musiche Sacre imprimés en 1656, et les Vesperi imprimées en 1675. Cavalli est également à l’origine de la publication de certaines oeuvres posthumes de Claudio Monteverdi. Ce programme deVêpres À la Sérénissime vous replongera dans l’univers si particulier de ces musiques à double et triple choeurs, un véritable festival de sons pour l’auditeur !

JudithVêpres pour la fin de la grande peste à Venise