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Ensaladas Españolas

Juan Díaz Rengifo donne la définition de l’ensalada dans la préface de dédicace de son Arte Poética Española (Salamanca, 1592) : « l’ensalada est une composition faite de couplets répétitifs dans lesquels se mélangent toutes sorte de mètres, en espagnol mais aussi dans d’autres langues, sans ordre précis de l’une à l’autre, au libre arbitre du poète. La musique se met donc au service de la variété de ces paroles. On la nomme donc ensalada, pour ce mélange de mètres poétiques, dont découle le résultat musical ».

Sebastian de Covarrubias précise en 1611 dans son Tesoro de la lengua castellana o española : « On appelle ensalada un genre de chanson ayant divers mètres, et sonnant comme une compilation de divers auteurs. Ce genre est composé par les maîtres de chapelle pour célébrer la fête de la Nativité ; nombre de compositeurs anciens ont écrit nombre d’excellentes compositions, telles qu’El Molino, La Bomba, El Fuego, La Justa, El chilindron, etc… ». Covarrubias rajoute que le nom ensalada dérive du nom sous lequel est connu un plat gastronomique populaire, et qu’il en constitue une sorte de contrepoint littéraire.

Où et quand naît précisément le style de l’ensalada, la question n’est toujours pas résolue à ce jour. De ce que l’on sait, le premier à employer ce terme est le dramaturge portugais Gil Vicente, qui indique en 1510 dans les annotations de son Auto da fe, représenté devant Don Manuel Ier du Portugal, qu’à la fin de l’œuvre les acteurs, ou peut-être un groupe de musiciens spécialisés, « chantaient à quatre voix une ensalada qui venait de France ». Nous ne savons pas si l’ensalada à laquelle il se réfère était française, ou si c’est le genre qui vient de France, car Vicente n’en donne ni le texte ni la musique…