L’âge d’or musical à Saint-Marc de Venise
La République de Venise connait son apogée économique et politique au 16e siècle. A cette époque, ses nombreuses provinces de Terra ferma s’étendent jusqu’aux portes de Milan. Son activité maritime est florissante, les Vénitiens jouant un rôle commercial et diplomatique déterminant sur tout le pourtour méditerranéen. Cette opulente indépendance, dans une Italie disloquée en proie aux guerres, favorise naturellement la floraison des arts dans la lagune. Le siècle du Titien et du Tintoret voit aussi l’essor prodigieux de la Capella musicale di San Marco, qui demeure jusqu’à la fin du 17e siècle le centre musical le plus actif de la cité. Les mots de l’anglais Thomas Coryat donnent une idée de l’émerveillement provoqué : « La fête consistait principalement en musique, laquelle était à la fois vocale et instrumentale, si admirable, si excellente, qu’elle stupéfia tous les étrangers, qui n’avaient jamais rien entendu de tel. » La Capella musicale di San Marco se distingue par l’abondance de ses musiciens : le choeur, l’un des plus opulents d’Italie, réunit 36 chantres, auxquels on adjoint parfois les enfants de la maîtrise et les étudiants du séminaire. Un concerto instrumental, réuni depuis 1568, vient parfois soutenir les voix lors des fêtes solennelles : il est initialement constitué de huit instrumentistes à vent, cornets à bouquins et trombones. Les Traversées Baroques mêlent ici les voix et les vents, pour renouer avec la pratique de San Marco. Ce programme réunit Giovanni Gabrieli (Sacrae Symphoniae, 1597) et Giovanni Bassano (Concerti ecclesiastici – 1598 et 1599) : de la musique vocale, de la musique instrumentale, et une combinaison infinie de couleurs musicales, comme le suggère la citation émerveillée de Coryat en 1611 … Une véritable fête pour les oreilles !