La vie et la carrière de Domenico Mazzocchi sont l’exemple même de la condition aisée et mondaine d’un musicien cultivé à Rome au 17è siècle. La protection des familles Aldrobrandini, Barberini, pamphilij et Borghese lui vaut une réputation tenace de musicien dilettante, d’autodidacte ou d’amateur : si cette condition de gentilhuomo le tient en effet à l’abri des soucis financiers, s’il n’est attaché à aucune chapelle ou institution musicale, Domenico Mazzocchi n’en est pas moins un érudit, historien passionné par l’antiquité, un lettré et un musicien « poète » très attaché au choix de ses textes : Virgile, Petrarche, Le Tasse… Son œuvre musicale reflète parfaitement la richesse de la culture romaine de l’époque. Mazzocchi est également soucieux d’indiquer de manière très précise la manière d’interpréter ses œuvres : ces Madrigali à 5 datant de 1638 donnent de précieuses indications en matière de signes dynamiques, d’expression et de nuances. Mazzocchi est l’un des premiers à noter par les termes cresc, dim, p ou f au cœur de l’ouvrage. Il donne également une définition très utile des messa di voce, écho, trilli ou enharmonies et chromatismes. Domenico Mazzocchi, gentilhomme di naturale modestia e gentilezza di maniere, contribue par l’écriture de ces madrigaux à l’évolution de la musique de son temps, dans la lignée de Caccini et à la suite de Claudio Monteverdi, à servir la cause de la Seconda Prattica, sa devise étant : l’oratione sia padrone del armonia e non serva (que l’art oratoire soit le maître de l’harmonie, et non son serviteur).