En 1636, Marin Mersenne écrit dans son Harmonie Universelle à propos du cornet à bouquin : «le son qu’il rend est semblable à l’éclat d’un rayon de Soleil, qui paroist dans l’ombre ou dans les ténèbres…». Quelques pages plus loin, il concède pourtant que «ceux qui jouent du cornet en adoucissent le son tant qu’ils peuvent, d’autant qu’il est un peu rude naturellement». Quelle est donc la nature de ce son à la fois lumineux et prétendument rude ? Instrument virtuose emblématique du seicento, le cornet à bouquin est universellement répandu et apprécié en Italie : Girolamo Dalla Casa estime en 1584 que «parmi les instruments à vent, le plus excellent est le cornet à bouquin», tandis que Luigi Zenobi lui confère «la grâce, l’imitation d’une voix humaine d’enfant, le raffinement et la variété des diminutions». Un programme montrant la richesse de la musique italienne de la fin de la Renaissance et du premier baroque. Une musique somptueuse servie par les couleurs de l’orgue, du cornet à bouquin, du cornet muet et de la flûte à bec. Judith Pacquier, Liselotte Emery et Laurent Stewart se donnent la réplique pour animer d’un souffle nouveau cette formation consacrée, miroir de leur complicité de longue date à la scène comme à la ville ! Gageons que les timbres chaleureux de l’orgue et des cornets à bouquin sauront convaincre l’auditeur de leur délicatesse et viendront appuyer cette citation élogieuse issue d’une tribune parue dans un journal de… 1827 : «Qui voudrait vanter dignement les mérites du cornet à bouquin, dont L’histoire est si pure et la mélodie si suave, serait forcé d’écrire l’histoire du monde ».