Haute Saône Festival Musique & Mémoire Musique à la Cité des Rois, baroque latino-Américain

18 juillet 2025

Séville, Cuzco, Lima : embarquement immédiat ! Un univers musical coloré... Entrée libre, libre participation 1h20

Séville, Lima, Cuzco, embarquement immédiat !

Les Traversées Baroques s’embarquent sur les routes maritimes, vers l’Eldorado musical de la Cordillère des Andes. Au programme, des compositeurs qui, nés en Espagne, ont eu pour mission de nourrir la vie musicale à l’autre bout du monde. La ville de Lima joue un rôle décisif dans ce développement : baptisée « cité des rois » car fondée par Francesco Pizarro le jour de l’épiphanie de l’an 1535, elle va rapidement devenir le symbole du prestige et de la puissance hispanique. Une cour brillante s’y installe, marquant durablement les domaines les plus variés, et notamment la musique, la peinture et l’architecture. Mais c’est l’arrivée du comte de Lemos, en 1667, qui favorise de façon remarquable l’activité musicale à Lima. Deux noms symbolisant le baroque musical de l’Altiplano s’imposent rapidement : Juan de Araujo (1646-1712) et Tomas Torrejon y Velasco (1644-1728). Araujo n’avait guère plus de quinze ans lorsqu’il arriva au Pérou où son père venait d’être nommé administrateur civil. Torrejon y Velasco devient quant à lui page du comte de Lemos à l’âge de quatorze ans. Il débarque donc avec celui-ci à Lima, à l’affut d’une carrière prestigieuse… Le programme Musique à la cité des rois illustre parfaitement la variété de caractères des oeuvres écrites dans le nouveau monde : intimité, déploration, ferveur, fêtes, accents de batailles, animation tumultueuse, tout y est. L’auditeur est plongé dans un bain de musique sacrée à double et triple choeurs. Il découvrira également le villancico, forme musicale et poétique très représentative de l’époque. Les Traversées Baroques s’attachent ici à représenter ce que fut l’étonnante transfusion esthétique du Siglo de oro de la Péninsule ibérique vers les nouveaux mondes conquis. Une musique à découvrir absolument ! Ce programme a été créé en 2017 à l’Opéra de Dijon.

Etienne Meyer direction • Anne Magouët, Capucine Keller sopranos • Dagmar Saskova mezzo soprano • Maximiliano Baños Alto • Hugues Primard, Vincent Bouchot ténors • Renaud Delaigue basse • Judith Pacquier cornet à bouquin • Jasmine Eudeline violon • Adrien Reboisson chalémie, bombarde • Florent Marie, Matthias Speater théorbe, guitares • Christine Plubeau viole de gambe • Abel Rohrbach sacqueboute  • Monika Fischaleck basson • Laurent Stewart clavecin & orgue

Ce programme a été donné en concert à l’auditorium de Dijon, au festival de musique Baroque du Jura, et en captation dans le festival Artistes en résistance, en résidence de l’Opéra de Dijon en 2020.

Haute Saône Festival Musique & Mémoire Tupasy Maria

20 juillet 2025

Ce programme propose des œuvres mariales venant du Pérou, du Guatemala, du Mexique ou de Bolivie ainsi que de Séville, ville mère de toutes les conquêtes. 1h10

Tupasy Maria, « mère de Dieu », est un titre en langue guarani issu d’un chant sacré des missions de la région de Chiquitos en Bolivie. Ce programme propose des œuvres mariales venant du Pérou, du Guatemala, du Mexique ou de Bolivie ainsi que de Séville, ville mère de toutes les conquêtes. Les cultes de « déesse-mère » sont rapidement identifiés par les différents ordres évangélisateurs sur tout le continent américain. Ces derniers y voient, mettant en parallèle les pensées amérindiennes et occidentales, l’équivalent du culte à la Vierge chez les catholiques. L’apparition de la Vierge au Mexique, en décembre 1531, a des répercussions décisives sur l’évangélisation : Marie apparaît à l’indien Juan Diego Cuauhtlaoatzin sous la forme d’une jeune fille. Elle s’adresse à lui en langue nahuatl et demande que l’on édifie un sanctuaire en son honneur sur le Cerro de Tepeyac. Juan Diego se présente ainsi aux autorités religieuses qui le somment alors de prouver ce qu’il affirme. La Vierge l’invite à retourner sur la colline pour y cueillir des fleurs en plein hiver. Juan obéit, non sans quelques réticences, son oncle étant à l’agonie. Il trouve de magnifiques roses et son oncle guérit miraculeusement. Devant plus de dix témoins, sa tilma – vêtement traditionnel – se retrouve imprimée d’une représentation de la Vierge ! L’évêque Zumárraga respecte enfin la volonté mariale et fait édifier un sanctuaire. Les Indiens sont désormais reconnus comme possédant une âme et, à partir de cet épisode, tuer un indigène est un péché. Les œuvres étroitement liées au culte marial se développent alors  sur tout le continent. On trouve son illustration musicale dans des pièces paraliturgiques, les Villancicos, mais aussi dans une grande variété d’hymnes mariaux. Le présent programme met à l’honneur les compositeurs du Nouveau Monde Juan de Araujo, Tomas Torrejon y Velasco, Domenico Zipoli, Andres Flores et la musique anonyme, celle des Indiens qui écrivent – à cette époque, il faut être prêtre pour composer – sans signer leurs œuvres.

Festival Musiques en Haut Au fil de l'Elbe

21 juillet 2025

Musiques sacrées dans l’Allemagne du Nord au XVIIe siècle. 1h10

De la guerre de Trente ans nait une brillante culture musicale en Allemagne : de la mer du Nord à la Baltique, la puissante ligue hanséatique influence considérablement la vie musicale, et permet l’éclosion d’une nouvelle génération de compositeurs, pour lesquels l’enseignement n’est plus la seule source de revenus. La noblesse et la bourgeoisie de la Hanse ont le désir d’y créer des chapelles, et font ainsi vivre les musiciens attachés à ces villes. Dans le reste de l’Allemagne, la musique reste bien souvent attachée à une conception plus savante et spéculative. Dans le nord, elle diffère donc fondamentalement, ayant subit les riches influences venues de l’extérieur : d’Angleterre pour la musique instrumentale, des Pays-Bas – avec Jan Pieterszoon Szeelinck – pour la musique d’orgue, ou encore d’Italie pour la musique vocale. Un programme musical construit en remontant le fil de l’Elbe, de Hambourg à Dresde en passant par Leipzig et Lübeck.
Dietrich Buxtehude (1637-1706) est l’un des plus célèbres représentants de cette nouvelle vague créatrice venue de la Baltique. Compositeur et organiste, il est également à l’origine de la création des Abendmusiken. Ces soirées musicales, financées par la bourgeoisie de la ville de Lübeck, sont sans doute les premières formes connues de concerts publics. Remontons à présent le canal de la Trave pour gagner le fleuve, puis la vallée de l’Elbe : Dresde accueille en son sein le célèbre  Heinrich Schütz (1585-1672), nommé maître de chapelle en 1615. Schütz joue un rôle particulièrement important dans l’ouverture vers les influences venant de l’étranger, ayant passé plusieurs années à Venise auprès de Giovanni Gabrieli. Il n’aura de cesse, tout au long de sa carrière, de transmettre la parole italienne à de nombreux élèves. Johann Hermann Schein (1586-1630), sa formation d’enfant de chœur faite à Dresde, part étudier à Leipzig. Il y reviendra d’ailleurs en 1616 pour prendre en charge le poste de Cantor à l’église Saint-Thomas. Schein jouit d’une grande renommée, il s’intéresse fortement aux innovations parvenues d’Italie. S’il n’a jamais visité ce pays, il compose pourtant la plus grande partie de ses œuvres selon cette « innovation italienne », comme il lui plait de préciser dans les préfaces des recueils imprimés. Johann Rosenmüller (1617-1684) est quant à lui le plus italien des compositeurs allemands. Sa fulgurante ascension dans le monde musical de Leipzig est abruptement stoppée au printemps 1655 : soupçonné de rapports sexuels déplacés, Rosenmüller est arrêté puis jeté en prison. Il parvient à s’échapper et s’enfuit à Hambourg, d’où il gagne Venise. Rosenmüller devient tromboniste à la basilique San Marco en 1658. Il noue peu à peu des contacts, et restera dans la Sérénissime pendant 25 ans. Un temps Maestro de coro à l’Ospedale de la Pietà, il ne perdra jamais le contact avec son pays natal, en s’occupant notamment des musiciens allemands séjournant à Venise. Et de Venise à Hambourg, de l’Elbe à l’Adriatique, il n’y a qu’un pas : les liens musicaux sont tissés de manière solide. Claudio Monteverdi et Barbara Strozzi, maîtres incontestés de la Sérénissime, seront également de cette fête musicale.